Avant chaque tableau, il y a le voyage. Avant chaque voyage, il y a une préparation très sommaire. Juste un plan cadastral rapidement survolé. Rien d’autre. Surtout ne pas être influencé. Puis c’est l’immersion totale, la perte de repères, l’oubli de soi. Se laisser envahir par la démesure des grandes cités du monde, afin de ressentir ce qui fait leur âme, leur identité propre. Les volumes, les lumières, les matières, les sons…
New York, Chicago, Londres ou encore Tokyo, la technique de Guiyome à base d’encre de Chine et d’acrylique ne cesse d’évoluer depuis sa première exposition. C’est surtout le choix de son support qui oblige l’artiste à se réadapter sans cesse. Il peint directement sur du papier qu’il découpe dans des livres anciens, patiné par le temps, ramené de chaque voyage, puis marouflé en atelier sur des châssis traditionnels.
Transcrire sur un même support la représentation graphique et l’écriture est son mode d’expression. C’est dans l’un de ces vieux livres qu’il utilise d’abord comme un carnet de croquis que se déclenche sa méthode de travail. Tout en dénaturant l’objet promis à un avenir incertain, surtout à l’ère du tout numérique, Guiyome choisit de lui offrir une seconde vie.
En 2003, il représente d’abord la ville de Paris ; Mais pas celui que l’on a l’habitude de voir… plutôt le Paris qui échappe à nos regards.
Dès lors, le peintre commence à exposer ses œuvres en galerie, notamment dans la prestigieuse avenue Matignon, où il présente des formats de grandes dimensions sur New York, la ville mythique, et qui lui donnera l’envie d’explorer les mégalopoles du monde. Cette série de trente tableaux marquera l’avènement de sa technique.
Touché par l’art contemporain, il se désintéresse cependant de l’art conceptuel si celui-ci ne suscite aucune émotion sans l’appui du discours de son auteur. Guiyome est plus dans l’immédiateté. Ce qu’il souhaite avant tout, c’est partager sa vision des villes qui l’ont inspiré, tout simplement.
Dans le respect systématique des proportions et des matières, ses toiles trouvent leur force. Lignes tendues, perspectives vertigineuses, intensité des noirs et des lumières, éclats de couleur, il nous plonge à chaque fois au cœur de ses sujets. On est au pied de ses tableaux comme au pied d’un building, inlassablement émerveillé et fasciné. Dessins construits comme des édifices, paysage urbain sans concession, c’est le langage universel de l’architecture saisi par Guiyome qui nous touche, et qui nous transporte.